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La polymédication chez les personnes âgées est indéniablement liée à un risque accru d’effets secondaires, de surdosages, d’interactions médicamenteuses et d’erreurs de posologie. Cependant, décider d’interrompre ou de poursuivre un traitement chez un patient âgé soulève des questions complexes, tant sur le plan clinique qu’éthique. Arrêter un médicament pourrait-il aggraver l’état du patient ? Comment discuter avec lui de l’arrêt d’une mesure préventive qu’il suit depuis des années, simplement en raison de son âge ? L’âge ne risque-t-il pas de devenir un prétexte pour un retrait des soins ou une forme d’âgisme ? Quelle approche adopter dans ce contexte ? En gériatrie, une telle décision nécessite une évaluation globale du patient et une démarche méthodique et réfléchie.
Voyons ensemble les risques et les recommandations pour gérer au mieux cette problématique.
Sommaire
Polymédication et Prescriptions Inappropriées : Un Défi Majeur en Gériatrie
La polymédication ou polypharmacie, souvent définie comme l’utilisation quotidienne de cinq médicaments ou plus, devient excessive lorsque ce nombre dépasse dix. Ce phénomène est étroitement lié à la prescription inappropriée, où l’usage de certains médicaments :
- ne répond pas aux standards de la pratique médicale,
- présente des risques supérieurs aux bénéfices attendus,
- ou encore pourrait être remplacé par des alternatives plus sûres et plus efficaces.
Ce problème de polymédication ou surmédication concerne un nombre croissant de patients, en particulier les personnes âgées. Plusieurs facteurs contribuent à cette tendance, tels que l’augmentation des maladies chroniques liée à la longévité accrue, l’efficacité démontrée de la prévention secondaire, même au-delà de 75 ans, et l’élargissement des options thérapeutiques disponibles. De plus, l’intégration de la médecine fondée sur les preuves dans la pratique clinique a également favorisé cette évolution. Une étude danoise révèle que 1,2 % de la population consomme quotidiennement plus de cinq médicaments. En extrapolant ces chiffres à la France, on estime qu’environ 720 000 personnes seraient concernées par la poly-médication, avec deux tiers des individus de plus de 70 ans consommant plus de cinq médicaments par jour.
Les conséquences de la sur-médication et des prescriptions inappropriées sur la santé sont significatives, affectant la morbidité, la mortalité et la qualité de vie. Le principal danger réside dans l’augmentation du risque d’effets secondaires, qu’ils soient dus aux effets directs des médicaments, aux interactions entre ceux-ci, ou à des impacts inattendus sur d’autres maladies coexistantes. Le risque d’interactions médicamenteuses est de 13 % avec deux médicaments, 38 % avec quatre, et atteint 82 % avec sept médicaments ou plus. Par ailleurs, chaque médicament additionnel accroît le risque d’effets indésirables de 8,6 %. Chez les personnes de plus de 65 ans, entre 14,6 % et 35 % subissent des effets secondaires, dont un tiers pourraient être évités. La polymédication est également liée à une augmentation des chutes et des fractures fémorales chez les personnes âgées. Enfin, la complexité croissante des régimes de prescription, ainsi que la non-adhésion thérapeutique, augmentent proportionnellement avec le nombre de medicaments prescrits.
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Processus de Décision Thérapeutique
La population gériatrique présente une grande diversité, rendant l’âge seul un indicateur insuffisant de l’état de santé. Pour prendre des décisions thérapeutiques adaptées, il est essentiel d’adopter une approche personnalisée, basée sur une évaluation gériatrique multidimensionnelle. Cette évaluation doit tenir compte de la complexité clinique souvent observée chez les patients âgés, incluant les comorbidités, les handicaps, la fragilité, et la susceptibilité accrue aux effets secondaires des médicaments. Cette analyse englobe non seulement l’aspect médical, mais aussi les dimensions fonctionnelle, cognitive, psychologique, nutritionnelle, sociale et environnementale.
Avec le vieillissement de la population et l’augmentation des comorbidités et des handicaps, les progrès médicaux complexifient de plus en plus les décisions thérapeutiques. Divers outils sont disponibles pour aider le médecin à évaluer les besoins multidimensionnels du patient, la pertinence des traitements médicamenteux, et à estimer le pronostic. Cependant, ces outils ne sont efficaces que lorsqu’ils sont intégrés dans une démarche réflexive, soutenue par la connaissance approfondie du patient, de ses valeurs, de ses attentes, et de ses choix personnels.
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Révision Périodique des Traitements : Une Nécessité Impérieuse pour les personnes âgées
Les personnes âgées se voient souvent prescrire de nombreux médicaments, ce qui peut entraîner des effets indésirables et altérer leur qualité de vie. Voici quelques principes essentiels pour optimiser la gestion des prescriptions chez les patients âgés :
- Priorisation des Pathologies à Traiter : Classer les pathologies en fonction de leur gravité, du potentiel de traitement et des risques d’évolution.
- Identification des Signes Cliniques : Vérifier que les symptômes présents sont bien liés à une pathologie nécessitant un traitement, et non à un effet secondaire d’une médication existante.
- Évaluation Bénéfices/Risques : Peser les avantages attendus par rapport aux risques avant de prescrire un médicament, en comparant avec des alternatives pharmacologiques ou non (à privilégier).
- Utilisation d’Outils Gériatriques : Le médecin peut s’appuyer sur une évaluation gériatrique multidimensionnelle et des outils spécifiques pour déterminer le pronostic du patient et le délai de bénéfice du traitement. Ces outils aident également à identifier les médicaments inappropriés ou les omissions de traitements potentiellement bénéfiques.
- Prise en Compte de la Fonction Rénale et des Comorbidités : Toujours ajuster les prescriptions en fonction de la fonction rénale et des maladies concomitantes.
- Éviter les Redondances Thérapeutiques : Ne jamais prescrire deux médicaments de la même classe, comme deux benzodiazépines ou deux neuroleptiques.
- Choix de la Forme Pharmaceutique : Sélectionner la forme de médicament la plus appropriée pour maximiser l’acceptation et l’observance du traitement, tout en informant le patient et les autres intervenants.
- Révision Régulière des Prescriptions : Revoir les traitements régulièrement, par exemple tous les six mois, en tenant compte des bénéfices et des effets secondaires observés.
En conclusion, il est crucial de réviser périodiquement les traitements et de bien évaluer le potentiel de chaque nouvelle prescription, afin de garantir une prise en charge optimale des patients âgés.
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Photo © stevepb via Pixabay.
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Editeur/auteur du site Happy Quinquas et Seniors, je blogue depuis 12 ans sur les thématiques santé et bien-être qui me passionnent et j’ai 63 ans. En savoir plus: « À propos de ce site ».